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Violence en sport

France | 25 juillet 2023

Par Anne-Claire N.

Violence en sport

Violence en sport

Nous vous proposons ici de découvrir un chapitre de l'ouvrage Psychologie du sport et de l'activité physique

Psychologie du sport et de l'activité physique

Psychologie du sport et de l'activité physique

Violence en sport

État des lieux, caractérisation et implications pénales

Élise Marsollier, Stéphanie Meriaux-Scoffier, Sidonie Amiot

Introduction

Le sport est reconnu comme un contexte d'épanouissement et d'accomplissement, mais aussi un contexte caractérisé par des normes et des valeurs qui lui sont propres (c'est-à-dire dépassement de soi, sacrifice). Ces normes et valeurs peuvent amener les acteurs du monde sportif à adopter des comportements et des discours qui, même s'ils sont considérés comme appropriés dans le contexte sportif, sont caractérisés comme de la violence, et peuvent même, parfois, constituer une infraction. Ce chapitre a pour but d'aider à caractériser la violence dans le sport, d'appréhender ses implications judicaires et disciplinaires ainsi que les actions à mener si vous êtes victimes ou témoins de violence en sport

Violence en sport – définition et prévalence

Dans ce chapitre, nous considérerons la violence interpersonnelle liée au sport comme « toutes les formes d'abus physiques et/ou émotionnels, d'abus sexuels, de négligence ou de traitement négligent, d'exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé, la survie et le développement du sportif ou sa dignité, dans le cadre d'une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir » (Organisation mondiale de la santé, 2002, p. 59). Globalement, les chercheurs s'entendent pour considérer quatre formes principales de violence interpersonnelle dans le cadre d'une pratique sportive, à savoir la violence psychologique, physique, sexuelle ainsi que la négligence (figure 11.1)

  • La violence psychologique désigne les actes qui incluent la restriction de mouvement, les schémas d'humiliation, de dénigrement, d'utilisation de bouc émissaire, de menace, de crainte, de discrimination ou d'autres formes non physiques de traitement hostile ou de rejet (Organisation mondiale de la santé, 1999). Cette forme de violence est la plus rapportée par les sportifs (Marsollier et al., 2021; Parent & Vaillancourt-Morel, 2020; Willson et al., 2022, voir figure 11.1).

  • La négligence est définie comme le défaut d'encadrement d'un sportif pouvant entraîner des abus physiques, sexuels ou psychologiques, une attitude permissive à l'égard de comportements antisociaux ou criminels, l'abandon d'un sportif, l'absence de traitement de problèmes psychologiques ou psychiatriques ainsi que la négligence médicale (Fortier et  al., 2020). Les deux études ayant considéré cette forme de maltraitance indiquent une prévalence de 35,7 % à 68,8 % (Parent & Vaillancourt-Morel, 2020 ; Willson et al., 2022).

  • La violence physique est définie comme toute action de nature physique qui compromet ou menace l'intégrité, le bien-être physique ou psychologique d'un sportif (Clément & Dufour, 2009). Cette forme de violence a été rapportée par 3 % à 53 % des sportifs interrogés (par exemple Marsollier et al., 2021; Peltola & Kivijärvi, 2017).

  • La violence sexuelle désigne tout acte sexuel commis ou tenté par une autre personne sans le consentement librement donné de la victime, ou contre une personne incapable de consentir ou de refuser (Basile et al. 2014, p. 11). Bien que cette forme de violence soit la plus médiatisée, elle s'avère être la moins rapportée par les sportifs interrogés : de 3 % à 32,8 % selon les études (par exemple Alexander et  al., 2011 ; Hauw et al., en révision).

Fig 11.1 Formes principales

Fig 11.1 Formes principales

Dans le contexte sportif, bien que les personnes en position d'autorité puissent être autrices de violence, il semble que la violence subie par les sportifs provienne principalement de leurs coéquipiers ou adversaires (Hauw et al., en révision; Marsollier et al., 2021). Plus précisément, les sportifs masculins sont les auteurs les plus signalés de violence psychologique et sexuelle (Hauw et  al., en révision). Toutefois, plus le niveau de compétition augmente, plus les entraîneurs sont désignés comme des auteurs de violence (Alexander et al., 2011 ; Vertommen et  al., 2016 ; Willson et  al., 2022). Il est important de préciser qu'il existe actuellement peu d'informations sur les comportements violents de la part des parents ou les autres adultes impliqués dans la carrière sportive des sportifs (Parent et  al., 2020). En ce sens, le scandale entourant Larry Nassar, ancien médecin de l'équipe américaine de gymnastique, indique que le personnel médical peut également abuser de sa relation de pouvoir pour maltraiter les sportifs (Mountjoy, 2019) (figure 11.2)

Fig 11.2 Les auteurs de la violence en sport

Fig 11.2 Les auteurs de la violence en sport

Conséquences de la violence en sport

À ce jour, les conséquences de la violence liée au sport ne sont pas bien documentées, mais globalement, nous savons qu'elle a un impact sur la santé physique et psychologique des sportifs, compromettant leur bien-être et leurs performances. En effet, les jeunes sportifs ayant subi des formes graves de violence psychologique, physique et/ou sexuelle présentent une détresse psychologique élevée et une faible qualité de vie à l'âge adulte (Vertommen et al., 2018). De plus, plusieurs études qualitatives ont investigué les effets perçus de la violence psychologique de la part de leur entraîneur, notamment une mauvaise image corporelle, un manque de confiance en soi (par exemple Stirling & Kerr, 2008), le sentiment d'être stupide, déprimé, humilié, blessé (Gervis &  Dunn, 2004), une baisse de motivation et du plaisir (Stirling & Kerr, 2013) ainsi qu'une baisse de performance (Gervis &  Dunn, 2004 ; Stirling & Kerr, 2013).

Facteurs de risque d'expérimenter de la violence en sport

Concernant les facteurs de risque, les chercheurs ne sont pas unanimes, mais une tendance se dessine selon le genre des sportifs, leur orientation sexuelle, le type de sport pratiqué et le niveau de pratique (figure  11.3). Ainsi, les sportives semblent plus à risque d'expérimenter de la violence psychologique (Marsollier et  al., 2021 ; Ohlert et al., 2020 ; Parent & Vaillancourt-Morel, 2020) et de la violence sexuelle (Hauw et  al., en révision; Ohlert et  al., 2020 ; Vertommen et  al., 2016), alors que les sportifs apparaissent comme étant plus à risque d'expérimenter de la violence physique (Hauw et  al., en révision; Marsollier et  al., 2021 ; Parent &  Vaillancourt-Morel, 2020 ; Vertommen et al., 2016). De plus, les sportifs issus de minorités ethniques ou sexuelles semblent plus à risque de rapporter des expériences de violence psychologique, physique et sexuelle (Parent & Vaillancourt-Morel, 2020 ; Vertommen et al., 2016 ; Willson et al., 2022). Enfin, les sportifs de niveau international sont plus à risque d'expérimenter de la violence physique et sexuelle (Parent & Vaillancourt-Morel, 2020 ; Vertommen et  al., 2016) alors que ceux pratiquant un sport collectif sont plus à risque d'expérimenter de la violence physique et psychologique (Hauw et al., en révision; Marsollier et al., 2021 ; Parent & Vaillancourt-Morel, 2020).

Fig 11.3

Fig 11.3

Comportements violents et implications pénales

Parmi les quatre formes de violence principales que l'on observe dans le contexte sportif, des comportements tombent sous le coup du Code pénal et sont condamnables par la loi. Les figure 11.4 à 11.7 illustrent les comportements violents dans le contexte sportif et les caractérisent au niveau légal.

Fig 11.4

Fig 11.4

Vous venez de découvrir un extrait de l'ouvrage Psychologie du sport et de l'activité physique

Psychologie du sport et de l'activité physique © 2023, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Les auteurs de ce chapitre

Élise Marsollier, première assistante en psychologie du sport, Institut des sciences du sport, Faculté des sciences sociales et politiques, Université de Lausanne, Suisse Stéphanie Meriaux-Scoffier, maîtresse de conférences, Laboratoire Motricité Humaine Expertise Sport Santé, Université Côte d'Azur, Nice Sidonie Amiot, avocate au Barreau de Montpellier

À Lire aussi

Manuel de la pratique clinique en psychologie et psychopathologie, 2e édition, par R. Roussillon, 2022, 176 pages. Manuel de psychologie clinique de la périnatalité, 2édition, par S. Missonnier, 2021, 471 pages

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