Tendinopathies
17 janvier 2022
Par Anne Claire Nonnotte
Nous vous proposons de découvrir un extrait de l'ouvrage Étirements en kinésithérapie S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Tendinopathies
Les tendinopathies sont souvent longues à guérir. Les exercices d'étirement à domicile s'ajoutent aux autres moyens du traitement médical et kinésithérapique. Nous présentons quelques exemples de tendinopathies et les étirements correspondants. Une tendinopathie qui ne relève pas des étirements, la tendinopathie du supra-épineux de l'épaule, est évoquée aussi pour illustrer une approche alternative. Comme c'est le cas dans toutes les pathologies irritatives, une mise au repos pendant plusieurs semaines s'impose au début et le traitement médical vise à calmer l'inflammation. Mais souvent la guérison n'est pas encore en vue à la fin de cette première phase et le recours à la kinésithérapie pendant une longue période vient prendre le relais.
Tendinopathies du membre inférieur
Tendinopathie calcanéenne (tendinite du tendon d'Achille)
(Cf. Claquage du mollet et myo-aponévrosite.) Quand on consulte pour un tendon d'Achille, c'est souvent au stade tardif quand la tendinopathie est devenue très invalidante. La lésion survient le plus souvent à la partie moyenne du tendon (fig. 12.13), dans une zone où les récepteurs sensitifs sont peu nombreux, retardant les signaux d'alerte de la détérioration.
Malheureusement, à ce stade, la guérison ne se fera pas avant plusieurs mois, dans les cas les plus favorables. Il ne faut pas céder au découragement mais s'attacher à effectuer avec rigueur et patience le traitement. Si on a affaire à une tendinopathie nodulaire, chronique, le traitement sera encore plus long et difficile. Les facteurs qui ont favorisé la survenue de la tendinopathie doivent être recherchés et corrigés sous peine d'échec du traitement. L'enquête porte sur :
le profil du sportif : son sport, sa technique, son âge, son poids, son type de pied;
le matériel : le modèle de chaussures de sport;
l'entraînement : sa fréquence, son intensité, sa durée, etc.
Si vous avez 40 ans ou plus, que vous avez arrêté le sport pendant six mois ou plus et que dans le même temps vous avez pris 5 kg, l'enquête sera rapide. Ce n'est toutefois jamais aussi simple ! La tendinopathie calcanéenne guérit en trois à six mois mais il n'est pas rare d'en souffrir pendant un an ou plus. Elle touche les coureurs à pied, les basketteurs, les sauteurs, les tennismen, les personnes en surpoids et bien d'autres. Dans ce contexte, les étirements tiennent une place très importante dans une prise en charge à plusieurs facettes : étirements, traitement médical, physiothérapie et orthèses plantaires. L'expérience montre que le moindre détail a son importance : la chaussure de sport (poids, qualité de l'amorti), les éventuelles talonnettes ou semelles, les chaussures de ville (pas plus de 400 g pour les hommes), voire d'autres facteurs non évoqués sur les modalités de la pratique sportive. C'est une fois tous ces correctifs apportés que l'on peut espérer tirer bénéfice de la pratique des étirements.
Étirement du triceps sural (cf. fig. 12.2)
C'est le tendon qui souffre mais c'est le mollet que l'on étire, et de façon itérative, matin et soir, six jours sur sept, selon le protocole habituel.
Position : étirement des gastrocnémiens (jumeaux). – Debout, en appui contre un mur, le genou arrière (côté souffrant) tendu. – Durée : 2 minutes. Lors de cet exercice, on peut étirer dans le même temps, le soléaire du côté de la jambe avant (cf. Exercice 26). Si on associe un renforcement musculaire du mollet aux étirements, le risque de récidive est diminué.
Renforcement du triceps sural (cf. fig. 12.5 )
En monopodal, pied à plat au sol ou sur une marche d'escalier.
À effectuer de préférence le soir.
Fréquence
: 3 fois par semaine sur une durée minimale de 3 mois.
Myo-aponévrosite plantaire (et épine calcanéenne)
Cette pathologie est très longue à guérir, plus encore qu'une tendinite achilléenne (en moyenne plus d'un an). Le programme d'étirement est le même que pour le mollet et le tendon d'Achille et s'ajoute au traitement médical et kinésithérapique et le port de semelles orthopédiques. Parfois, la douleur est tellement vive que toute tentative d'étirement est insupportable. Il faudra toutefois étirer, au seuil de la douleur, dès qu'on le pourra. Même si l'étirement réveille la douleur, il ne l'aggrave jamais.
Étirement du mollet
Durée de l'étirement : 2 à 3 minutes.
Fréquence : matin et soir, 6 fois par semaine.
Le protocole d'étirement est identique à celui mis en œuvre pour le triceps sural et le tendon d'Achille mais avec une inversion de l'ordre des étirements.
On commence par l'étirement du soléaire, le plan profond du mollet dont la durée d'étirement passe à 2 minutes (cf. fig. 12.4 ).
Pour l'étirement des gastrocnémiens, la durée d'étirement reste la même à 2 minutes (cf. fig. 12.3 ).
Renforcement musculaire du mollet
Le renforcement monopodal vu précédemment (cf. fig. 12.5 à 12.8 ) viendra beaucoup plus tard car il est totalement impossible les premiers mois.
Faut-il cesser tout entraînement lors de la survenue d'une tendinopathie calcanéenne ?
Quand la douleur empêche toute pratique sportive, la réponse est simple : on passe à l'ergocycle de salle. Mais souvent le coureur peut encore courir 30 à 40 minutes avant de devoir s'arrêter. On peut alors tenter un compromis permettant la poursuite d'une certaine pratique sportive sans risque d'aggravation. Car un arrêt de plus de six semaines conduit au déconditionnement sportif et le maintien de la pratique à un niveau excessif aggrave la pathologie. Une fois trouvé le bon compromis, il faut accepter que pendant toute la période de traitement, c'est-à-dire plusieurs mois, l'objectif sera plus modestement d'éviter de se déconditionner. Pour un joggeur, une pratique modérée, un jour sur deux, sans dépasser 30 à 45 minutes est souvent possible.
Au début, la montée sur la pointe des pieds se fera à l'aide des deux membres inférieurs, face à un mur ou en appui sur une rampe d'escalier.
L'objectif à atteindre est dans un premier temps de redescendre en appui monopodal du côté souffrant, en freinage excentrique.
La phase ultime du renforcement est la montée et la descente en monopodal.
Durée de l'exercice : 5 à 6 minutes.
Fréquence : une fois par jour, 3 à 5 fois par semaine.
Le renforcement précède l'étirement.
Durée du programme de renforcement : 6 mois minimum.
Tendinopathie patellaire (tendinite rotulienne) et syndrome fémoro-patellaire
Ces pathologies, comme celles vues précédemment, sont longues à guérir et récidivent volontiers, en particulier lorsqu'il y a une atteinte chondrale patellaire (cartilage de la rotule). Elles sont souvent associées à une déviation d'axe du tendon patellaire et une hypo-extensibilité des quadriceps.
Étirement du quadriceps
Se fait sur deux positions différentes, au choix (cf. Exercice 4 , Exercice 7 , Exercice 24 ).
Fréquence : 5 à 6 fois par semaine.
Position 1: – À genoux, assis sur les talons. – En bascule arrière du tronc, les genoux accolés ( fig. 12.14 ). – Durée : 2 minutes.
Position 2: – Soit couché sur le ventre ( fig. 12.15 ), soit en chevalier servant ( fig. 12.16 ), soit en position debout ( fig. 12.17 ). – Durée : 1 minute.
Renforcement musculaire du quadriceps
Cf. Exercice 39. Associé aux étirements. Ses effets sont longs à se manifester et il doit être pratiqué pendant trois à six mois voire devenir une routine d'entretien.
Position: – À genoux, assis sur les talons, pieds en flexion plantaire. – Décollez légèrement les fesses, de 5 à 10 cm (la main passe librement), tenir la position en comptant jusqu'à dix puis reposer lentement. – On récupère en comptant jusqu'à dix, puis on recommence.
Durée totale de l'exercice: 5 à 6 minutes.
Fréquence : 3 fois par semaine.
Remarques: – Cet exercice est très difficile, il faut parfois trois mois avant de réussir à tenir 5 minutes d'affilée. Si l'exercice est trop difficile, on s'incline un peu vers l'avant, s'il est trop facile, on bascule le thorax vers l'arrière. – On peut se fixer un objectif de 2 minutes pour le premier mois, puis on augmente d'une minute par mois, jusqu'à atteindre 5 minutes.
Incident possible
: Douleurs de cheville. C'est une douleur positionnelle statique sans gravité. Intercalez un coussin.
Ces pathologies du genou demandent un contrôle du chaussage et requièrent parfois le port de talonnettes amortissantes au quotidien.
Syndrome de «l'essuie-glace» (syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou tendinopathie du fascia lata)
Le syndrome de «l'essuie-glace» est une bursite parfois associée à une tendinopathie qui siège à la face latérale du genou. Le traitement de la forme occasionnelle passe par une modification de l'entraînement, des chaussures adaptées et la pratique des étirements.
Étirement du fascia lata
En raison de l'importante longueur du fascia lata, son étirement ne provoque pas de sensation nette de mise en tension.
Position 1 (fig. 12.18) : – Étirement en position debout, jambes croisées. – Durée : 2 minutes en alternant jambe droite par devant puis jambe gauche par-devant.
Position 2 (fig. 12.19) : – Étirement debout, en appui latéral contre un mur. – Durée : 2 minutes.
Fréquence : 3 à 5 fois par semaine.
Semelles orthopédiques : De confection très technique (podologue du sport), c'est un complément indispensable en cas de récidives fréquentes
Tendinopathie des adducteurs et pubalgie
Ces deux pathologies affligent quelquefois le sportif à pratique intensive, en particulier le footballeur. Le traitement est toujours très long et associe les étirements des adducteurs au renforcement des abdominaux.
Étirement des adducteurs
Six fois par semaine, sur deux positions différentes, 1 à 2 fois par jour.
Position 1 (fig. 12.20, cf. Exercice 3) : – En position sur le dos, jambes tendues à la verticale, contre un mur, avec lests de 500 g ou 1 kg aux chevilles. l'étirement s'effectue par un écartement maximal en abduction des membres inférieurs. – Durée : 2 minutes.
Position 2 (fig. 12.21, cf. Exercice 13) : – En position debout, jambes écartées au maximum, on bascule le bassin en antéversion pour poser les mains au sol. – Durée : 2 minutes.
Autres positions : Toutes les positions d'étirement des ischio-jambiers permettent aussi les étirements des adducteurs si au lieu de rester de face, on positionne le bassin en oblique de trois quarts.
Renforcement des abdominaux
Cf. Exercice 42 et Exercice 43.
Position : – Couché sur le dos. – Genoux accolés, mains aux épaules, lombaires plaquées au sol. – Montez un genou puis l'autre. – Croisez les chevilles et verrouillez les membres inférieurs pendant tout l'exercice.
Direction 1 : les grands droits. – Montez lentement le thorax dans l'axe, en expirant. – Freinez la descente et se relâcher en fin de mouvement en inspirant, tête relaxée, posée au sol. – Répétez l'exercice 15 à 30 fois (2 minutes).
Direction 2 : – Sans période de repos, enchaînez, le renforcement des obliques. – Mains toujours aux épaules, le coude monte en direction du genou opposé, en expirant. – Freinez la descente et se relaxer en fin de mouvement en inspirant. – Répétez l'exercice 15 à 30 fois, toujours du même côté.
Direction 3 : – Même exercice, du côté opposé. – En fin d'exercice, reposez d'abord un pied au sol, genou toujours fléchi puis l'autre.
Durée totale de l'exercice : 6 à 8 minutes.
Fréquence : 3 à 5 fois par semaine. Les abdominaux supportent d'être renforcés tous les jours. Programme pour 6 mois au minimum, mais de préférence en routine
L'auteur : Hubert Tisal est médecin spécialiste en médecine physique et de réadaptation et médecine appliquée aux sports; il a été médecin de l'Institut national des sports, de l'expertise et de la performance (INSEP) et des équipes de France de karaté
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