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Postures et gestes dans la rééducation de l’écriture de l’enfant et de l’adolescent

6 janvier 2024

L'ouvrage de référence en graphothérapie.

Découvrez le chapitre 10 de la nouvelle édition 2023 enrichie et augmentée de l'ouvrage La rééducation de l’écriture de l’enfant et de l’adolescent(S’ouvre dans une nouvelle fenêtre) .

Table des matières de l'ouvrage

I Utilité, développement et structure de l'écriture manuscrite

1. À quoi sert l’écriture manuscrite ? 2. De la première trace graphique à la lettre 3. Habiletés préalables et prérequis pour l’acquisition de l’écriture 4. Étapes du développement de l’écriture 5. Composantes de l’écriture manuscrite 6. Déficiences de l’écriture manuscrite 7. Problématique d’écriture et troubles du neurodéveloppement

II Évaluation des difficultés de l'écriture manuscrite - Bilan de l'écriture manuscrite

8. L’entretien lors du bilan de l’écriture manuscrite 9. Évaluation de l’écriture 10. Postures et geste d’écriture 11. Analyse de la qualité de l’écriture 12. Appréciation de la vitesse d’écriture 13. Repérer le profil dans lequel les difficultés d’écriture s’inscrivent 14. Rédaction du compte rendu du bilan de l’écriture manuscrite.

III Exercice de la graphothérapie

15. Méthodologie 16. Gestion des émotions et de l’énergie 17. Conditions matérielles pour un bon exercice de l’écriture 18. Maîtriser l’instrument 19. Gérer le trait et ajuster la pression 20. Apprivoiser la forme 21. Du mouvement rythmé à une vitesse adaptée 22. Gérer l’espace feuille

IV Applications spécifiques

23. Travailler sur les compétences transversales intervenant dans le geste d’écriture 24. Cas particulier du gaucher 25. Particularités de la prise en charge de l’écriture à l’adolescence 26. Optimiser les techniques de copie

V Exemples de rééducation

27.28.29 Illustrations cliniques

Postures et geste d’écriture

Observation et analyse

L’organisation posturale et gestuelle lors de l’écriture exige une observation attentive. En effet, même si elle n’influence pas toujours directement la qualité de l’écriture, elle peut avoir des conséquences importantes en matière d’aisance, de vitesse ou de douleurs. Elle est un facteur d’équilibre de l’écriture, participant à son déploiement optimal. Pour l’évaluer de façon pertinente, il est essentiel de bien connaître la dynamique du geste scripteur, les rôles de chacune des parties du corps impliquées dans ce geste et leur évolution en fonction de l’âge et des mutations morphologiques de l’enfant.

La dynamique du geste scripteur chez l’enfant sans trouble de l’écriture

Différentes études ayant pour but de mettre en relief les constantes relatives aux positions lors de l’inscription de formes préscripturales ou de l’écriture ont permis de dégager les repères suivants (Ajuriaguerra, 1964 ; Vaivre-Douret &Lopez, 2021).

Attitude générale, positions segmentaires

En tout début d’apprentissage, la tête est placée à proximité de la feuille : l’enfant ressent le besoin de maintenir le regard proche de la pointe de son crayon pour contrôler visuellement ses gestes. Parfois même, la tête repose sur le bras non scripteur empêchant ainsi l’appréhension globale du champ graphique. À partir de 7 ans, le besoin de contrôle étant moindre, et la musculation du dos meilleure, la tête se relève progressivement. Sa position n’évolue plus au-delà de 12 ans. Entre 5 et 7 ans, le torse s’appuie fortement sur le rebord de la table. Il s’en éloigne ensuite peu à peu et se redresse jusqu’à l’âge adulte. En même temps, il s’incline progressivement vers la droite pour le gaucher et la gauche pour le droitier. Les épaules sont relevées et contractées en bosse jusqu’au CM1.

La position de l’avant-bras évolue considérablement au cours de l’apprentissage. Entre le CP et le CE2, le déplacement se fait principalement latéralement vers la droite pour les droitiers. Puis, à partir du CM1, la progression commence à s’organiser autour d’une rotation du coude d’autant plus facilitée que la feuille est inclinée vers la gauche. Celle-ci entraîne un changement de la main par rapport à la ligne d’écriture. Elle n’est plus en balayage, sur le côté de la ligne mais sous celle-ci. Alors que 50 % des enfants de 5 ans ont le poignet souple lors de leurs exercices graphiques, 70 % des enfants de 7 à 9 ans adoptent une posture crispée du poignet, celui-ci s’appuyant avec force sur la table. C’est l’âge où l’on se plaint le plus de phénomènes douloureux à tous les niveaux. Entre 9 et 12 ans, le poignet s’allège à nouveau, s’assouplit, se détache de la table, à mesure que le tonus s’installe dans tout le bras lorsque l’écriture s’accélère. Vers 12-14 ans, on note un relèvement tonique et permanent de tout l’avant bras, du poignet et de la main. L’angle de flexion du poignet change entre le début et la fin de la ligne, mais le rapport angulaire de la main avec la table doit rester constant, afin d’offrir un appui, constant lui aussi, au mouvement des doigts. À 5 ans, la main bouge. Elle est le plus souvent proche de la pronation. À 9 ans, la stabilité semble acquise, la position la plus fréquente est la demi-supination. La main repose avec légèreté sur le muscle du bord extérieur de la main. L’annulaire et l’auriculaire participent à la stabilisation de la main sur la feuille. L’instrument est tenu majoritairement à trois doigts, parfois à quatre. Le plus souvent le pouce et l’index s’opposent et ce quelle que soit la classe. En début d’apprentissage, l’ instrument est tenu très près de la pointe, avec brisure de l’index. À mesure que l’enfant grandit, on note un allongement progressif des doigts et une prise plus longue, favorisant la diminution de cette brisure.. Celle-ci subsiste cependant dans 50 % des cas au-delà de 12 ans. La prise est très serrée et crispée jusqu’au CE1 et se régule petit à petit à partir du CE2. L’appui sur la feuille évolue en parallèle. La pression sur la feuille qui freine le rendement décroît à partir de cette classe. En CM2, la mobilité digitale résultant de mouvements de flexion et d’extension est utilisée par plus de la moitié des enfants. Elle s’installe donc assez tardivement dans l’apprentissage. Jusqu’à 9 ans, l’enfant qui écrit manifeste une grande instabilité générale, due à l’excès de tension provoquée par l’acte d’écrire : il se lève, s’assoit sur une jambe, se dresse sur ses coudes, remue les jambes, etc. En début d’apprentissage, le geste est coûteux, associé à un important contrôle. Il s’accompagne de syncinésies axiales ou controlatérales qui tendent à disparaître progressivement.

En résumé, la posture et l’organisation gestuelle évoluent avec l’âge, la classe et tendent à s’ordonner à partir du CM1. La main améliore sensiblement sa stabilité entre 5 et 9 ans. Entre 7 et 12 ans, le redressement de la posture se produit en même temps que l’allègement de l’appui du poignet et de l’avant-bras, et que l’assouplissement général. La crispation fait place à la tonicité. La meilleure utilisation du tonus permet d’acquérir plus d’aisance, de souplesse et de rapidité.

Déroulement graphique, mode de progression

Dans son ouvrage La graphomotricité (1982) , Alfred Tajan (Tajan, 1982) met en lumière le fait que l’écriture se déploie grâce à la combinaison de deux types de mouvement :

  • un mouvement d’inscription, par le biais de l’extension, la flexion et la rotation des trois doigts qui tiennent l’instrument ;

  • un mouvement cursif (dextrogyre), de progression , de translation de gauche à droite, produit par le déplacement du poignet et de l’avant-bras.

Les deux mouvements s’opposent : l’inscription freine la translation, et celle ci gêne l’inscription. Le scripteur doit réaliser un équilibre permanent entre ces deux mouvements qui, au départ, se succèdent pour ensuite, peu à peu, se coordonner. Ils sont facilités par une position correcte du tronc qui libère le bras, et un appui du bras sur la table qui soutient la main sans gêner sa progression. Ce travail sera facilité par l’acquisition de l’indépendance des segments bras-épaule, main-bras, doigts-main et par une relation correcte entre la préhension de l’outil et sa pression sur le support. Il faut serrer suffisamment le crayon pour qu’il ne s’échappe pas des doigts, mais pas trop pour éviter la crispation et le raidissement, tout en contrôlant l’ appui sur le papier, pour que la mine marque, sans se casser ou déchirer le support. Si, au début de l’apprentissage, les mouvements d’inscription et de progression ont tendance à alterner parfois avec des temps de pause entre les deux actions. Ces mouvements se coordonnent de mieux en mieux avec l’âge et participent d’une fluidité du geste qui favorise la souplesse du tracé, sa régularité, la vitesse et une meilleure tenue de ligne.

En résumé :

  • L’écriture se fait grâce à : – la préhension de l’outil scripteur par une prise tripode, le majeur étant support de l’outil permettant l’inscription ; – la combinaison d’un mouvement de rotation et d’un mouvement de translation mettant en jeu les articulations du poignet et du coude.

  • À cette fonction cinétique s’ajoute une fonction tonique, concernant les parties du corps qui ne sont pas en mouvement (statique de la colonne, de la tête, des membres inférieurs).

Autres paramètres

La disposition du papier par rapport au bord antérieur de la table est extrêmement personnelle et n’obéit pas à des règles précises. Le contrôle visuel est meilleur lorsque le papier est plus proche du bord de la table, position volontiers adoptée par les enfants de 5 ans. D’abord située, sur proposition de l’enseignant, verticalement face au scripteur, la feuille a tendance à migrer, dans l’hémichamp relevant de la dominance latérale chez plus de 50 % des enfants à partir du CM2. Associé à une inclinaison vers la gauche pour le droitier, le mouvement vers la droite est ainsi favorisé lorsque la main est sous la ligne d’écriture. Les gauchers inclinent en sens inverse. Ceci favorise le contrôle visuel, le graphisme n’étant pas caché par la main qui écrit. À 5 ans, la position de la main par rapport à la feuille est très oblique, presque perpendiculaire à l’axe de la feuille. Elle balaie la ligne. À partir du CM1, la main passe progressivement sous la ligne et se retrouve, à 14 ans, franchement au-dessous de la ligne, et perpendiculaire à celle-ci en fin de ligne. Cette position varie en fonction de l’inclinaison du papier et de l’angle flexion-extension de la main.

Dynamique du geste scripteur chez l’enfant avec trouble de l’écriture

Dans une étude récente (Lopez et Vaivre-Douret, 2021), des divergences gestuelles ont été mises en relief entre l’enfant normoscripteur et l’enfant avec trouble de l’écriture. Ainsi, les enfants avec trouble présentent plus fréquemment un déplacement latéral du coude qu’une rotation autour de celui-ci. Le poignet est moins stable et on observe plus de mouvements de flexion-extension au niveau de cette articulation. L’hypercontrôle est plus marqué et se fait au détriment de la fluidité et du rendement. La main peut parfois être placée au-dessus de la ligne d’écriture ce qui n’est jamais le cas chez l’enfant sans trouble. Les doigts sont placés sensiblement plus hauts sur le stylo et les mouvements des doigts sont moins présents. L’inscription est plus proximale que distale. La feuille est moins placée dans l’hémichamp correspondant à la dominance latérale avec une moindre fréquence de l’inclinaison. La pression est plus souvent inadaptée, trop légère ou trop marquée que chez l’enfant typique. Le geste ressort comme restant fixé au niveau des premiers temps de l’apprentissage (CP-CE2). Il n’évolue pas suffisamment pour devenir mature. L’environnement, le placement et l’orientation de la feuille ne sont pas adaptés.

Observation du geste scripteur

Afin de savoir si le geste s’organise correctement par rapport à l’âge et la classe, il conviendra lors du bilan de l’écriture manuscrite d’observer les postures et la réalisation du geste avec précision. On notera, entre autres, les éléments relatifs à la posture globale, aux positions segmentaires ainsi qu’au déroulement graphique et au mode de progression (voir planches photographiques en annexe 1).

Posture globale

  • La tête : distance à la feuille, inclinaison, etc.

  • Le torse : appuyé ou non à la table, de façon continue ou discontinue, droit, penché plus ou moins vers l’avant, basculé à droite à gauche, etc.

  • Le dos : colonne verticale, voûté ou cambré, tendu, adossé à la chaise.

  • Les épaules : horizontales, contractées ou non, relevées d’un côté ou de l’autre, etc.

  • L’assise, franche sur les deux fesses, stable, instable, etc.

  • La position des pieds.

  • Les changements de position.

Positions segmentaires

  • Pour le bras scripteur : on notera d’abord si l’enfant est gaucher ou droitier, puis on regardera : – la position du coude : en début et fin de ligne, sur la table ou non, collé ou non au torse, etc. ; – celle de l’avant-bras, son degré d’appui sur la table ; – la position du poignet : relevé, légèrement décollé ou posé sur la table ; – la façon dont le poids du corps est porté sur le bras scripteur.

  • La main : – l’angle fait avec la table : demi-supination1, position intermédiaire2, pronation3; – la position de la main par rapport à la ligne d’écriture : sur, sous, sur le côté en balayage ; – le degré de flexion-extension de la main par rapport à l’avant-bras.

  • Les doigts : – les diverses positions sur l’instrument ; – le degré de pression de l’instrument ; – la mobilité et la précision digitale.

  • L’axe du crayon par rapport à l’avant-bras.

  • L’autre bras : participe-t-il ou non à l’acte d’écrire, tenue de la feuille, main sous la table, syncinésies, etc.

Déroulement graphique et mode de progression

  • Ramassage des doigts sous le poing ou extension pour le gaucher.

  • Relèvement progressif du poignet, mouvements de poignet.

  • Reptations successives de la main, soulèvements.

  • Déplacement latéral du coude.

  • Rotation autour du coude, de l’épaule.

  • Qualité de la progression : facile, entravée régulièrement, stoppée, etc.

Autres paramètres

  • Position de la feuille : distance par rapport au bord de la table, positionnement face au scripteur ou à gauche ou à droite, inclinaison, etc.

  • Expressions indiquant que le scripteur produit ou non un effort significatif : tension visuelle, syncinésies toniques4, sudation, etc.

  • Comportement à l’écriture : concentration, lassitude, fatigue, refus ou acceptation des tâches, recherche de l’adulte.

L’observation fine des postures et positions du scripteur, en fonction de son âge, permet de déterminer ce qui gêne le bon déploiement de son geste graphique. Des conseils et des axes de travail pourront ainsi être dégagés pour une rééducation efficace.

1. Demi-supination : l’angle de la main par rapport à la table est de 90˚. 2. Position intermédiaire : l’angle de la main avec la table est de 45˚. 3. Pronation : l’angle de la main avec la table est quasi nul. 4. Syncinésies toniques : raidissement plus ou moins prononcé d’un ou de plusieurs groupes musculaires pendant l’exécution d’un mouvement volontaire.

Références

  • Ajuriaguerra, J. (de), Auzias, M., Coumes, F., et al. (1964). L’écriture de l’enfant. Vol. 1. L’évolution de l’écriture et ses difficultés. Neuchâtel : Delachaux et Niestlé (rééd. : 1989).

  • Lopez, C., Vaivre-Douret, L. (2021). Investigations exploratoires des troubles de l’écriture chez des enfants scolarisés du CP au CM2. ANAE, 77-79.

  • Tajan, A. (1982). La graphomotricité. Paris : PUF (coll. « Que sais-je ? », n˚ 1998).

  • Vaivre-Douret, L., & Lopez, C. (2021). Organisation développementale du geste graphomoteur chez l’enfant scolarisé en primaire : caractéristiques gestuelles et spatio-temporelles/cinématiques. ANAE, 170, 19–33.

La rééducation de l’écriture de l’enfant et de l’adolescent © 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

La rééducation de l'écriture de l'enfant et de l'adolescent Pratique de la graphothérapie - Bilan et rééducation Florence de Montesquieu, Chantal Thoulon-Page ISBN 9782294780196 5e édition, 2023