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Malade porteur d’une sonde vésicale à domicile

5 mars 2016

Par Monique Remillieux

Cet article et ce quiz sont tirés du traité de Médecine Akos

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Auteurs : V. Phé, M. Rouprêt

Références auteurs

V. Phé.

M. Rouprêt ([email protected]).

Service d’urologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France.

Faculté de médecine Pierre et Marie Curie, Université Paris VI, Paris, France.

La sonde vésicale à demeure est indiquée en cas d’incontinence urinaire ou de rétention permanente (paraplégique, malade inopérable) lorsque aucune autre alternative n’est envisageable. Dans tous les cas, ce geste doit être atraumatique, indolore, stérile. Il existe différents modèles de sondes, mais dans le cas d’un sondage à demeure, on utilise le plus souvent une sonde à ballonnet, de Charrière 16 ou 18, 100 % silicone, car mieux tolérée.

La poche de recueil doit être stérile, vidangeable, munie d’une valve antiretour, avec un tuyau de bon calibre, semi-rigide, comportant un site de prélèvement à urines. Les soins d’hygiène sont indispensables. Après une toilette à l’eau et au savon, il ne faut pas oublier de recalotter les hommes. La diurèse doit être abondante afin d’éviter l’obstruction de la sonde. Certaines habitudes doivent être respectées : vérifier le bon écoulement des urines, ne déconnecter la sonde du sac collecteur qu’en cas d’urgence et de manière aseptique, respecter les dates de changement de sonde (tous les mois), vider régulièrement le sac collecteur à l’aide du robinet de vidange. Tout patient porteur d’une sonde à demeure voit ses urines contaminées au bout de 3 jours si la règle du système clos n’a pas été respectée. Seules les infections urinaires symptomatiques (fièvre, douleurs, frissons, épididymite …) doivent être traitées par une antibiothérapie adaptée. L’examen cytobactériologique des urines (ECBU) doit s’effectuer uniquement par le site de prélèvement situé sur le sac collecteur, après désinfection, avec une seringue et une aiguille. Il ne faut jamais prélever les urines dans la poche de recueil car les urines présentes dans le sac peuvent avoir stagné plusieurs heures, et l’ECBU peut être ininterprétable. S’il n’y a pas de site de prélèvement, recueillir les urines directement à la sortie de la sonde, en déconnectant la sonde du sac, de façon aseptique. Lorsque la sonde est bouchée, le patient se plaint de douleurs pelviennes, et il y a des fuites autour de la sonde. Dans ce cas, il faut faire des lavages de vessie à la seringue et augmenter les boissons. Si la sonde ne peut être débouchée, il faut la remplacer. Si les malades porteurs de sonde à demeure sont de plus en plus nombreux, il faut toujours se demander s’il n’existe pas une meilleure solution pour assurer la vidange vésicale. L’indication du sondage à demeure peut être remise en question en fonction de l’évolution de la situation d’un patient.

Introduction

Nombreux sont les patients qui regagnent leur domicile avec une sonde vésicale après une hospitalisation ou un passage aux urgences. Il peut s’agir par exemple de patients inopérables, chez lesquels le traitement chirurgical de l’adénome de prostate est impossible et chez lesquels une sonde à demeure a été mise en place, de patients qui ont une sonde pour une période limitée, en général dans les suites d’une intervention sur les voies urinaires, ou encore de patients atteints d’un dysfonctionnement vésical d’origine neurologique qui ne peuvent vider leur vessie que par des sondages répétés.Une sonde vésicale peut rester « à demeure », être utilisée en autosondage (sondage réalisé par le patient lui-même) ou en hétérosondage (sondage réalisé par une tierce personne). Quelle que soit l’indication, de nombreux travaux ont montré l’incidence élevée des bactériuries chez le malade sondé. La colonisation bactérienne est directement dépendante de la durée du sondage et des soins apportés au patient. Afin de prévenir le principal risque qui est infectieux, le médecin doit, à la sortie de l’hôpital, informer le patient sur les précautions à prendre. À domicile, l’infirmière a un rôle primordial dans l’information et l’éducation du patient porteur d’une sonde à demeure.

Risques du sondage vésical

Laisser un patient retourner à son domicile avec une sonde vésicale est possible mais non dénué de risques. Les risques sont les mêmes que chez le patient sondé à l’hôpital mais la difficulté chez le patient sondé à domicile provient du fait qu’il n’est pas soumis à une surveillance permanente de la part du personnel médical et paramédical.Le principal risque est infectieux. Il est le plus souvent lié au non-respect des règles d’hygiène et d’asepsie lors de la pose, au non-respect du principe du système clos, au non-respect des précautions d’asepsie lors de manipulations. Il existe effectivement, chez le patient sondé, une altération des moyens de défense vésicale par action mécanique sur l’endothélium et la couche de mucopolysaccharides acides, une perturbation du transit urinaire avec quasi constamment un résidu minime et la production d’un biofilm (enduit d’origine bactérienne qui se produit à la surface de la sonde et qui soustrait les bactéries des défenses immunitaires de l’organisme et de l’action des antibiotiques).Par ailleurs, une sonde vésicale laissée à long terme doit être changée régulièrement (Fig. 1). Il peut alors survenir, lors du changement de sonde, des lésions traumatiques de l’urètre ou de la prostate liées à un cathétérisme forcé, un diamètre de la sonde trop important, un ballonnet gonflé dans l’urètre, ou encore à une sonde arrachée.

Figure 1. Sonde vésicale. 1. Ballonnet intravésical ; 2. sonde double courant ; 3. sonde simple courant.

Les autres risques peuvent être une inflammation de la muqueuse vésicale liée au temps de présence de la sonde, un paraphimosis lié à un cathétérisme long ou à une rétraction du prépuce chez l’homme ou le garçon,des fuites d’urines au niveau du méat liées à une obstruction de la sonde, un ballon insuffisamment gonflé et une sonde de diamètre trop petit, une obstruction de la sonde liée à des dépôts ou à des caillots de sang.

sonde-vesicale

sonde-vesicale

Terminologie

Afin d’utiliser les termes les plus appropriés, le comité d’infectiologie de l’Association française d’urologie (AFU) a publié en 2007 une modification de la terminologie[1]. Les changements à prendre en compte sont lessuivants :

  • le terme « bactériurie asymptomatique » est remplacé par le terme « colonisation » ;

  • l’appellation « infection urinaire » disparaît au profit de « infection de l’appareil urinaire » ;

  • la dénomination « pyurie » est désormais remplacée par le terme « leucocyturie ».

Mécanismes de l’infection

La présence d’une sonde urétrale est un accès permanent des germes à l’appareil urinaire.Trois mécanismes principaux de survenue d’une infection urinaire peuvent être incriminés :

  • la contamination de la vessie lors du cathétérisme par des germes présents dans l’urètre antérieur et non supprimés par la toilette avant sondage ; environ 20 % des patients sont déjà colonisés dès le sondage ;

  • la propagation des germes cutanés à partir du méat urétral le long de la sonde ;

  • la propagation des germes dans la lumière même de la sonde, ce qui souligne l’intérêt de maintenir clos le système de drainage. On a montré ainsi qu’à l’occasion des changements de sonde, la numération des germes était plus élevée sur l’ancienne sonde que sur la nouvelle. Une fois installée, l’infection est pérennisée par la présence de la sonde qui induit des lésions inflammatoires au niveau de la muqueuse cervicale et de la muqueuse urétrale, et qui peuvent être à l’origine d’incrustations calcaires (elles apparaissent dès la première semaine après la pose de la sonde) [2], voire de calculs qui représentent autant de nids à germes.

La voie lymphatique et hématogène est beaucoup plus rare.

Facteurs de risque de l’infection

La durée du cathétérisme représente le facteur de risque majeur des bactériuries (> 104 germes/ml). La durée du sondage dépend de l’indication du sondage. Ainsi, après un sondage aller-retour, une colonisation peut se développer dans 1 %-5 % des cas [3].Le sondage de courte durée est défini par une sonde en place pour moins de sept jours[4]. Ses principales indications sont la surveillance de la diurèse lors d’une pathologie aiguë, une rétention aiguë d’urines, et au décours d’une chirurgie. Entre 10 % et 30 % des patients développent une colonisation. Il n’existe pas de preuve suffisante du bénéfice du sondage pour une certaine période au décours d’une chirurgie par rapport à l’ablation de la sonde vésicale immédiatement après l’intervention [5].Le sondage de longue durée est défini par une sonde en place depuis plus de 28 jours et est associé à un plus haut risque d’infection.Les autres facteurs indépendants du sondage vésical mis en cause sont :

  • la diurèse : plus la diurèse est faible, plus le risque est grand, d’où l’importance de bien éduquer à ce sujet le patient qui rentre à domicile ;

  • la stase urinaire : l’obstruction du système de drainage à un niveau quelconque est facteur de stase, et donc de pullulation microbienne ;

  • le sexe : le risque d’infection est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes, du fait de la brièveté urétrale. Il existe en revanche, chez ces derniers, un risque d’épididymite aiguë et de prostatite aiguë, et les foyers prostatiques peuvent être à l’origine de récidive ;

  • l’âge ;

  • la présence de maladies associées telles que le diabète.

Diagnostic d’une infection urinaire chez le patient sondé

La bactériurie est souvent asymptomatique. Dans ce cas, on parle de colonisation et c’est la pratique d’un examen cytobactériologique des urines (ECBU) systématique qui la met en évidence. Elle peut aussi être à l’origine d’une fièvre à 38-38,5 °C.L’ECBU est pratiqué dans des conditions particulières chez le patient porteur d’une sonde à demeure. Il est réalisé après clampage et désinfection avec une seringue au niveau de la chambre de prélèvement. Il faut tout faire pour ne pas rompre le système clos.Chez l’homme, la survenue d’une épididymite ou d’une prostatite est de diagnostic facile dès lors qu’on a le réflexe d’examiner les organes génitaux et de réaliser un toucher rectal.L’interprétation de l’ECBU ne présente que peu de particularités, si ce n’est qu’une leucocyturie sans infection est possible du fait de la présence d’un corps étranger. La présence de bactériurie à une concentration insuffisante pour porter le diagnostic d’infection urinaire est souvent annonciatrice d’une véritable infection, survenant alors dans les 24 à 72 heures suivantes.Le germe le plus souvent rencontré est Escherichia coli. Il faut toutefois se méfier lorsque les patients viennent de séjourner à l’hôpital, ce qui est très souvent le cas. Ils peuvent être porteurs de germes multirésistants, bien connus de nos services hospitaliers : Enterobacter cloacae, Serratia marcescens,Pseudomonas aeruginosa, Enterococcus faecalis.

Traitement de l’infection

Traitement des colonisations asymptomatiques sur sonde [6, 7]

Il existe un consensus concernant l’abstention thérapeutique en cas de colonisation. Il n’existe effectivement aucune preuve de la diminution de la morbidité ou de la mortalité en cas de traitement d’une bactériurie asymptomatique (pas de diminution de l’incidence des épisodes fébriles, ni de la sévérité et de la durée de la bactériurie). Les antibiotiques créent une pression de sélection qui favorise l’émergence de bactéries résistantes[8, 9]. D’autre part, un traitement n’entraînerait qu’une amélioration temporaire et favoriserait l’émergence de germes résistants.Dans quelques cas spécifiques seulement, le traitement de la bactériurie asymptomatique est recommandé :

  • patient en situation préopératoire : interventions ou explorations urologiques ou mise en place d’une prothèse ;

  • patients porteurs d’une prothèse vasculaire, articulaire ou cardiaque lors d’une manœuvre invasive ;

  • épidémie à bactérie multirésistante dans une unité d’hospitalisation en concertation avec le Comité de lutte contre les infections nosocomiales ;

  • patients dont la colonisation urinaire est un facteur de risque de morbimortalité : immunodéprimés, neutropéniques, femmes enceintes.

Dans le cas d’une candidurie asymptomatique, l’utilisation d’un antifongique local ou systémique n’est pas recommandée mais l’ablation de la sonde vésicale doit être envisagée.

Traitement des colonisations symptomatiques

Le traitement des colonisations bactériennes symptomatiques est recommandé et consiste en une antibiothérapie adaptée à l’antibiogramme. Il est recommandé de changer la sonde après 48 heures d’antibiothérapie sur prescription médicale. La durée du traitement varie de 5 à 21 jours selon le germe en cause, les comorbidités et la réponse thérapeutique.Dans le cas d’une candidurie symptomatique, l’utilisation d’un antifongique systémique est recommandée[10].

Prévention du risque infectieux

Méthodes de prévention

La prescription de sortie pour un patient qui rentre à domicile avec une sonde vésicale doit comprendre :

  • non seulement le matériel nécessaire pour le sondage et le confort du patient (poches pour la nuit dont la contenance est de 2 l, poches pour la journée dont la contenance est de 500 ml avec un système d’attache pour la jambe) ;

  • mais également une information sur les mesures de prévention et d’éducation.

Le personnel qui prend le relais de la prise en charge thérapeutique du patient à domicile doit être formé à la prévention des risques liés à une sonde vésicale.La première mesure est bien entendu d’éviter tout sondage inutile. Il est également nécessaire d’enlever les sondes urinaires non indispensables (sur prescription médicale), de réévaluer régulièrement la nécessité d’une sonde à demeure [11-13].Les autres mesures de prévention de l’infection sur sonde sont d’ordre « mécanique ». On peut les énumérer comme suit :

  • respecter les précautions d’asepsie lors du cathétérisme urinaire ;

  • faire un lavage simple des mains avant tout soin et toute manipulation ; port de gants à usage unique ;

  • utiliser des sondes en silicone dès que la durée prévisible du sondage excède 48 heures. Elles sont en effet mieux tolérées par l’urothélium et l’on connaît le rôle des microtraumatismes muqueux dans la genèse des infections urinaires ;

  • choisir des sondes de calibre adapté au diamètre urétral. Des sondes de trop fort calibre gênent l’écoulement des sécrétions périurétrales qui stagnent puis s’infectent ;

  • veiller au maintien d’une diurèse abondante (1,5 l/j). On ne répète jamais assez ce conseil, notamment aux personnes âgées dont la sensation de soif est amoindrie et pour lesquelles l’eau représente véritablement un médicament ; aucune étude n’a validé l’intérêt thérapeutique d’une hyperdiurèse ;

  • utiliser un système de drainage clos muni d’une prise latérale pour prélèvement d’urines, ainsi que d’une poche collectrice vidangeable et munie d’un système antireflux. Il faut impérativement limiter le nombre de déconnexions ;

  • veiller à maintenir un drainage déclive dans toutes les situations, même lorsque le patient se déplace sans que le sac ne touche le sol ;

  • veiller à ce que ne survienne aucune coudure de la tubulure ;

  • réaliser une toilette génitoanale et des soins de sonde biquotidiens avec nettoyage soigneux de la région du méat, zone d’extériorisation des sécrétions urétrales qui s’écoulent le long de la sonde.

Enfin, il faut changer régulièrement la sonde lorsqu’elle est à demeure. Il n’existe pas de consensus sur la périodicité du changement d’une sonde vésicale à demeure. Il est habituel d’effectuer un changement de sonde vésicale tous les mois. Il est recommandé de pratiquer un ECBU 24 ou 48 heures auparavant. En cas de complication infectieuse, la connaissance du germe et de sa sensibilité permet d’instaurer très précocement un traitement adapté. Sauf anomalie anatomique de l’urètre, le changement de sonde est un geste facile qui peut être réalisé par tout médecin non urologue ou infirmier si les conditions d’asepsie sont respectées.Il est indispensable de dire au patient qu’il faut contacter le médecin en cas de fièvre, douleurs abdominales, brûlures urinaires, urines troubles ou nauséabondes et en cas d’absence d’écoulement d’urines dans le sac collecteur.Il existe par ailleurs des alternatives au sondage à demeure qui doivent être adoptées autant que faire se peut :

  • sondage intermittent : à la lumière de ces travaux, le sondage intermittent apparaît comme la solution la plus séduisante lorsqu’elle est possible, l’idéal étant bien sûr que le patient réalise lui-même les sondages(autosondages). Lorsque le sondage est réalisé par une tierce personne, on parle d’hétérosondage. Il existe désormais dans le commerce des systèmes de sondes autolubrifiées raccordées à un sac collecteur qui permettent de se sonder dans n’importe quel lieu, avec un minimum de matériel. Il s’agit de sondages propres mais non stériles. À chaque fois que les conditions anatomiques, le niveau intellectuel et le degré d’habileté du patient le permettent, il faut adopter cette solution. Le risque infectieux est faible et le patient garde son autonomie. Dans le cas contraire, il faut se résoudre à la sonde à demeure ;

  • étui pénien lorsqu’il est possible ;

  • le cathéter sus-pubien n’a pas montré sa supériorité.

Points importantsPatient rentrant à domicile avec une sonde vésicale

  • Remise d’une ordonnance pour les poches de recueil d’urines de jour et de nuit.

  • Information et éducation sur l’appareillage.

  • Signes devant l’amener à consulter un médecin en urgence.

  • Le rôle du personnel paramédical est primordial dans l’éducation du patient et la prévention des risques, notamment infectieux, liés à une sonde vésicale.

  • Les précautions d’hygiène et d’asepsie sont essentielles afin de prévenir les infections.

  • L’indication de la sonde vésicale à domicile doit être réévaluée régulièrement.

Modalités de surveillance

Il s’agit d’une question difficile. On oscille perpétuellement entre le risque de trop en faire et celui de voir sa vigilance se relâcher devant une situation chronique (Tableau 1).

Certains incidents peuvent survenir à distance chez le patient en sonde à demeure.

  • Peu ou pas d’urines dans la poche de recueil

    . Plusieurs cas de figures sont possibles. Soit la sonde est bouchée par des caillots ou des incrustations, soit la sonde est déplacée, soit le patient n’a pas assez bu.

  • La sonde est bouchée

    .Le patient se plaint de douleurs pelviennes et il y a des fuites autour de la sonde.Dans ce cas, il faut faire des lavages de vessie à la seringue et augmenter les boissons. Si la sonde ne peut être débouchée, il faut la remplacer.

  • La sonde est déplacée

    . La longueur visible de la sonde est anormalement longue, le patient se plaint de douleurs ; il y a aussi des fuites autour de la sonde.Dans ce cas, la sonde doit être changée.

  • La sonde est arrachée

    . Ceci provoque une urétrorragie importante ; il faut remettre une sonde en place et la mettre en traction si le saignement persiste : tirer sur la sonde et nouer une compresse sur la sonde au contact du méat urétral. Cette traction ne doit pas être maintenue plus de 1 heure, car il y a risque d’escarre du méat.

  • Fuites autour de la sonde

    . La sonde est bouchée ou déplacée. Ilfaut vérifier la perméabilité de la sonde et la changer si nécessaire. Il peut s’agir de contractions involontaires de la vessie. Après avoir vérifié la perméabilité de la sonde, le médecin prescrit des antispasmodiques (oxybutynine…).

  • Hématurie

    . Elle peut être due à une inflammation chronique de la vessie (due elle-même à la présence de la sonde) ou à une pathologie (tumeur de vessie, calcul…). Dans ce cas, il faut pratiquer des lavages de vessie à la seringue et augmenter les boissons. Si l’hématurie persiste, il faut prévenir le médecin. Un patient avec une sonde vésicale en place depuis plus de 10 ans doit avoir un dépistage de tumeur de vessie à titre systématique.

La surveillance bactériologique des urines doit être régulière,même si aucun traitement n’est préconisé. En cas de complication infectieuse sévère, la connaissance du germe permet de gagner un temps précieux. Il est donc conseillé de faire un ECBU avant chaque changement de sonde. Une fréquence plus élevée n’est pas justifiée, sauf cas particulier. La sonde à demeure est source d’incrustation, voire de calcul vésical. Il faut notamment y penser en cas de recrudescence des complications infectieuses ou de l’apparition de nouveaux germes. Un cliché d’abdomen sans préparation centré sur la vessie peut permettre d’en faire le diagnostic lorsqu’ils sont suffisamment volumineux. Il n’est pas déraisonnable d’en faire pratiquer un tous les 6 à 12 mois. S’il est normal et qu’un doute persiste, il ne faut as hésiter à réadresser le patient à son urologue pour explorer (ou réexplorer) l’appareil urinaire. Une antibiothérapie à long terme n’est pas recommandée.

tableau-1

tableau-1

Conclusion

La surveillance d’un patient porteur d’une sonde vésicale à domicile relève autant du médecin généraliste, du spécialiste que du personnel paramédical. Ce n’est qu’en respectant des conditions d’asepsie rigoureuses et en éduquant le patient que les complications liées au sondage peuvent être limitées au maximum.Point fort

  1. Chez un patient symptomatique sans sonde,l’association d’une bactériurie 10³ufc/ml à une leucocyturie ≥ 104/ml est fortement évocatrice d’une infection.

  2. Une bactériurie est à prendre en compte si elle est ≥ 10³ufc/ml mais en pratique, le seuil de 104 ufc/ml est celui à retenir (seuil de réalisation d’un antibiogramme).

  3. Antibiogramme : méthode stricte et consensuelle.

    • Le spectre ne suffit pas (prendre en compte le terrain et la diffusion tissulaire).

    • En présence d’un agent pathogène résistant à l’acide nalidixique, il est recommandé de ne pas utiliser cette classe.

    • En présence d’un entérocoque résistant à bas niveau aux aminosides, l’association amoxicilline + aminoside reste la référence car synergique.

    L’utilisation de la bandelette chez le sujet âgé non sondé est une méthode fiable sous réserve du respect des conditions d’utilisation de la bandelette.

  4. Le choix de l’antibiotique doit se faire en choisissant la molécule du spectre le plus étroit.

    • La concentration tissulaire de l’antibiotique doit être au moins égale à la concentration minimale inhibitrice (CMI) du germe visé.

    • Le cycling des antibiotiques consiste à substituer périodiquement un antibiotique à un autre dans le but de réduire le développement des souches résistantes.

    • Diminuer la consommation = respecter les indications,les durées utiles, ne pas traiter les colonisations, en privilégiant les stratégies courtes.

Références

  1. Bruyère F, Cariou G, Boiteux JP. Le CIAFU. Recommandations de bonnes pratiques cliniques du comité d’infectiologie de l’AFU. Prog Urol 2008; 18 (suppl1):1-23.

  2. Choong S, Wood S, Fry C, Whitfield H. Catheter associated urinary tract infection and encrustation. Int J Antimicrob Agents 2001; 17 : 305-10.

  3. Warren JW. Catheter-associated urinary tract infections. Int J Antimicrob Agents 2001; 17 :299-303.

  4. Warren J, Bakke A, Desgranchamps F. Catheter-associated bacteriuria and the role of biomaterial in prevention. In: Naber KG, Pechere JC, Kumazawa J, Khoury S, Gerberding IL, Schaeffer AJ, editors. Nosocomial and health care associated infections in urology. Plymouth, UK: Health Publications Ltd; 2001. p. 153-76.

  5. Griffiths R, Fernandez R. Policies for the removal of short-term indwelling urethral cathéters. Cochrane Database Syst Rev 2005(1): CD004011.

  6. Tenke P, Kovacs B, Bjerklund Johansen TE, Matsumoto T, Tambyah PA, Naber KG. European and Asian guidelines on management and prevention of catheter-associated urinary tract infections. Int J Antimicrob Agents 2008; 31 (suppl1):S68-S78.

  7. Conférence de consensus organisée par la SPILF et l’AFU, infections urinaires nosocomiales, novembre 2002.

  8. Warren JW, Anthony WC, Hoopes JM, Muncie HL Jr. Cephalexin for susceptible bacteriuria in afebrile, long-term catheterized patients. JAMA 1982; 248 :454-8.

  9. Niel-Weise BS, van den Broek PJ. Antibiotic policies for short-term catheter bladder drainage in adults. Cochrane Database Syst Rev 2005(3):CD005428.

  10. Sobel JD, Lundstrom T. Management of candiduria. Curr Urol Rep 2001; 2 :321-5.

  11. Munasinghe RL, Yazdani H, Siddique M, Hafeez W. Appropriateness of use of indwelling urinary catheters in patients admitted to the medical service. Infect Control Hosp Epidemiol 2001; 22:647-9.

  12. Jain P, Parada JP, David A, Smith LG. Overuse of the indwelling urinary tract catheter in hospitalized medical patients. Arch Intern Med 1995; 155 :1425-9.

  13. Bouza E, San Juan R, Munoz P, Voss A, Kluytmans J. A European perspective on nosocomial urinary tract infections II. Report on inci dence, clinical characteristics and outcome (ESGNI-004 study). European Study Group on Nosocomial Infection. Clin Microbiol Infect 2001; 7 :532-42.

Pour en savoir plus

Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Qualité de la pose et de la surveillance des sondes urinaires, décembre 1999.

www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nosoco/guide/txt15.html.

100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales. Prévention des infections urinaires nosocomiales.

Pilly E. CMIT. Maladies infectieuses et tropicales. Paris: Vivactis Plus; 2010. Le POPI. 2009 CMIT.

Maladies infectieuses et tropicales : guide de traitement; référence pour une bonne pratique médicale. Le Collège des universitaires de maladies infectieuses et tropicales, CMIT. Paris: Vivactis plus; 2009.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Phé V., Rouprêt M. Malade porteur d’une sonde vésicale à domicile. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 5-0686, 2010.

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AKOS (Traité de Médecine)

et maintenant, testez vos connaissances en 6 questions

Malade porteur d'une sonde vésicale à domicile

1. Parmi les propositions suivantes, donnez celles qui sont vraies :

2. Concernant le diagnostic d’infection urinaire sur sonde vésicale, donnez les propositions vraies :

A - une longue durée de sondage vésical est associée à un risque plus important d’infections urinaires

A - une leucocyturie sans bactériurie peut être visible à l’ECBU

B - un homme sondé a plus de risque de faire une infection urinaire qu’une femme sondée

B - le germe le plus souvent en cause est Escherichia coli

C - un patient sondé qui boit peu a plus de risque de faire une infection urinaire

C - la colonisation asymptomatique est définie par l’association d’un ECBU positif et d’une fièvre à 38 °C

D - le diabète est associé à un risque plus important d’infection urinaire

D - pour prélever un ECBU chez un patient sondé, on recueille l’urine directement de la sonde vésicale après avoir désadapté le collecteur

E - un patient sondé de 85 ans sans antécédent a plus de risque de faire une infection urinaire qu’un patient de 40 ans sondé sans antécédent

E - une bactériurie à 10² ufc/ml doit conduire à la réalisation impérative d’un antibiogramme

3. Parmi les propositions suivantes concernant la colonisation asymptomatique, lesquelles sont vraies ?

4. Parmi les propositions suivantes concernant la colonisation symptomatique, lesquelles sont vraies ?

A - le traitement antibiotique systématique permet de diminuer la morbidité

A - le traitement antibiotique est recommandé

B - le traitement antibiotique systématique permet de diminuer la mortalité

B - la sonde vésicale doit être changée immédiatement

C - le traitement antibiotique n’est pas systématique, d’autant plus qu’il favorise l’émergence de germes résistants

C - en cas de candidurie symptomatique, les antifongiques systémiques sont recommandés

D - le traitement est systématique avant la réalisation de biopsies de prostate

D - le traitement antibiotique, s’il est prescrit, doit avoir une durée maximale de 48 heures

E - en cas de candidurie, il faut prescrire un antifongique systémique

E - la sonde vésicale doit être gardée impérativement

5. Quelles mesures permettent de limiter les infections sur sonde vésicale ?

6. Parmi les propositions suivantes concernant le changement de sonde vésicale, lesquelles sont vraies ?

A - maintenir une diurèse abondante

A - le changement de sonde vésicale doit être réalisé impérativement par un médecin

B - laisser le sac collecteur au sol pour maintenir un drainage déclive

B - un ECBU 24-48 heures avant le changement de sonde est recommandé

C - effectuer une toilette génitale quotidienne

C - le changement de sonde vésicale est recommandé tous les 3 mois

D - changer la sonde vésicale tous les mois

D - un ECBU doit être réalisé chaque semaine chez le patient sondé, et s’il est positif, un changement de sonde s’impose

E - maintenir le système clos

E - le changement de sonde vésicale doit se faire en milieu hospitalier

Réponses

1. Les bonnes réponses sont : A, C, D et E

2. Les bonnes réponses sont : A, B

3. Les bonnes réponses sont : C, D

4. Les bonnes réponses sont : A, C

5. Les bonnes réponses sont : A, C, D, E

6. La bonne réponse est : B