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Manuel de dermoscopie

10 janvier 2022

Indispensable pour comprendre la dermoscopie, technique indispensable au diagnostic dermatologique

Manuel de dermoscopie

Manuel de dermoscopie

Avec cas cliniques commentés

Cet ouvrage regroupe dix-neuf fiches rédigées dans l’objectif de faciliter l’apprentissage de la dermoscopie optique et numérique pour les dermatologistes et tous les praticiens souhaitant se familiariser avec cette technique simple et efficace d’examen de la peau.

Luc THOMAS Professeur des universités Université Claude Bernard Lyon 1 Service de dermatologie Centre Hospitalier Lyon Sud Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon UMR INSERM U1052 - CNRS5286 - UCBL1

Fiche de dermoscopie N° 2

Cas clinique Il s’agit d’une femme de 38 ans, de phototype IIIb avec une moyenne aptitude au bronzage. Elle est porteuse depuis l’enfance d’une nævomatose pigmentaire profuse avec plus de 50 nævus répartis sur le tronc et les membres, n’a pas vécu outre-mer ni fait d’UV artificiels, son activité professionnelle est à 100 % intérieure, ses loisirs ensoleillés sont modérés, elle se protège bien du soleil. Elle ne prend aucun traitement, n’a aucun antécédent médical ou chirurgical, trois grossesses et accouchements normaux il y a 14, 12 et 6 ans. L’anamnèse familiale ne retrouve aucuns antécédents cancérologiques ni cutanés ni viscéraux. Elle est adressée par son médecin traitant pour une lésion pigmentée « plus foncée que les autres » membres inférieurs droits (figure 1).

L’ancienneté de la lésion (figure 2) ne peut pas être déterminée par l’interrogatoire, cette patiente est régulièrement surveillée par un autre dermatologiste pour ses nævus pigmentaires, mais rien n’avait été signalé lors du précédent examen il y a 1 an, l’interrogatoire ne peut préciser non plus si la lésion s’est modifiée récemment. L’attention de la patiente a récemment été attirée par le fait que la lésion était plus foncée que ses autres nævus (figures 1 et 2). L’examen dermoscopique (immersion + polarisation) est présenté sur la figure 3.

Fiche de dermoscopie N° 2

Figures 1 à 3

Quel est votre diagnostic ?

Quelle est votre proposition de prise en charge ?

Solution

Quel est votre diagnostic ?

Il s’agit d’un nævus (mélanocytaire) réticulaire.

Quelle est votre proposition de prise en charge ?

Pas de nécessité de chirurgie. Une surveillance pour cette lésion en particulier est toutefois indiquée puisqu’il s’agit d’une lésion réticulaire de découverte récente (une surveillance est par ailleurs indiquée chez cette patiente du fait de sa nævomatose profuse). On propose un nouvel examen à M3 puis à M12 puis une fois par an. Grâce aux photos dermoscopiques et cliniques inclues dans son dossier médical, la surveillance sera facilitée. La réalisation d’un enregistrement dermoscopique digital corps entier pourrait être proposée en fonction des caractéristiques des autres lésions de la patiente, mais elle ne s’impose pas sur la base de l’examen de cette lésion en particulier.

Commentaires

Sur l’image dermoscopique (figure 4) on observe une pigmentation réticulée couvrant la totalité de la surface de la lésion (flèches et surlignement gris). Il n’y a pas d’autre structure dermoscopique reconnaissable sur la surface de cette lésion, on dit que le patron est (exclusivement) réticulaire. Le réseau est en « nid d’abeilles » avec des structures polygonales de couleur brun sombre légèrement plus foncé au centre (flèche jaune) et plus clair en périphérie où la réticulation s’estompe progressivement sur les bords de manière presque circonférentielle et symétrique (flèches rouges) avec toutefois un arrêt un peu plus abrupt sur quelques zones (flèches vertes). Le réseau quant à lui est régulier dans sa couleur, son épaisseur, la taille des mailles et des entre-mailles sur toute la surface de la lésion. Le patron réticulaire est un patron bénin dans l’immense majorité des cas observé dans les nævus mélanocytaires bénins. Il est toutefois très rarement le tout premier signe d’un mélanome in situ à un stade hyperprécoce et bien sûr non reconnaissable en dermoscopie à ce stade, c’est la raison pour laquelle une surveillance de principe des lésions réticulées récentes ou d’ancienneté inconnue peut être justifiée.

Commentaires

Figure 4

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