Pierre Mestoudjian, Médecin généraliste et échographiste
France | 10 septembre 2020
Vous lirez ci-dessous l'interview de l'auteur de l’ouvrage L’échographie pour tous : apprentissage accéléré, pour la 1re édition.
Merci de vous reporter désormais à la 2e édition de 2024
L'échographie pour tous : apprentissage accéléré édition 2024 S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Pierre Mestoudjian
L’auteur explicite sa démarche dans une brève introduction que vous pouvez lire ici
Introduction Pourquoi ce livre ? Pour qui ?
Introduction
Pourquoi ce livre ?
Ce livre est destiné à toute personne souhaitant débuter l’apprentissage de l’échographie, qu’elle soit externe en médecine, interne, médecin (généraliste ou d’une autre spécialité), manipulateur en radiologie ou kinésithérapeute.
L’objectif de cet ouvrage est d’aider tous les professionnels de santé qui le souhaitent à passer au niveau supérieur en échographie, dans un temps très court : du stade de débutant au stade d’échographiste expert.
J’ai souhaité faire un livre inspiré du principe de Pareto (80/20) : donner au lecteur les 20 % d’informations qui lui permettent de faire plus de 80 % des échographies. Pour cela, j’ai regroupé les informations les plus pertinentes et les pathologies les plus fréquentes pour pratiquer l’échographie immédiatement en ne conservant que l’« utile pour la pratique ». Non, il ne faut pas 10 ans pour être compétent en échographie. En seulement quelques heures de formation, il est possible d’être très performant sur des points précis d’échographie.
Tout d’abord, je vous propose de connaître brièvement les bases de l’imagerie par ultrasons. Des rappels d’anatomie et d’écho-anatomie vous aideront à la visualisation du « normal » pour détecter la pathologie.
Vous trouverez ensuite toutes les informations utiles par région anatomique afin de devenir rapidement autonome dans l’acquisition des images et de rédiger vos propres comptes-rendus. Des exemples de comptes-rendus types sont donnés à chaque chapitre.
Ce livre regroupe les pathologies visibles en échographie courante. Elles sont décrites avec les signes échographiques précis vous permettant de réaliser votre compte-rendu. Des schémas et images échographiques illustreront l’ensemble du guide. Vous trouverez aussi des conseils et des astuces de « salle d’échographie » inédits. De nos jours, l’échographie infiltre massivement le milieu médical. Alors qu’il s’agissait avant d’une discipline exclusivement réservée aux radiologues, on voit maintenant des appareils dans de nombreux services d’urgences ou de réanimation, dans des services de médecine polyvalente, dans les cabinets médicaux en ville… L’échographie est devenue le prolongement du stéthoscope : le médecin « moderne » interroge, examine les patients et pratique une échographie dans la foulée.
Les appareils d’échographie (ou échographes ) sont devenus transportables, voire ultra-portables et peuvent se promener de service en service et même au domicile des patients. Une sonde d’échographie peut maintenant se connecter à un smartphone.
Très utile en première intention dans une multitude de pathologies, l’échographie a l’avantage d’être non irradiant pour le patient, d’avoir un faible coût et d’être transportable – contrairement au scanner, IRM et tables de radiologie.
Pour qui ?
Si vous êtes médecin généraliste (en consultation ou en visite), vous avez tous les jours des cas qui nécessitent une échographie : recherche de calcul dans la vésicule biliaire ou d’obstacle pour une pyélonéphrite aiguë, exploration d’une masse sous-cutanée, recherche d’une thrombose veineuse profonde… pourquoi ne pas réaliser les examens vous-même ?
Si vous êtes interne en radiologie, ce livre vous permettra d’éviter l’achat d’ouvrages trop denses ou inutilement exhaustifs sur l’échographie, l’écho-anatomie, ou la physique des ultrasons. On peut aisément faire de l’échographie sans être un grand physicien.
Si vous êtes endocrinologue, vous trouverez par exemple les bases des pathologies fonctionnelles de la thyroïde et des pathologies structurales visibles à l’échographie. Vous pouvez confirmer votre examen clinique, classer un nodule et le ponctionner sous écho-guidage s’il est suspect. J’ai rencontré un certain nombre de « thyroïdologues » qui font tout : consultation avec examen clinique, échographie diagnostique et interventionnelle (cytoponction à l’aiguille fine, alcoolisation d’un nodule kystique), traitement, etc.
Si vous êtes rhumatologue (mais aussi pour le médecin généraliste ou du sport), vous pouvez rechercher par exemple les pathologies de la coiffe, réaliser vos infiltrations (épaule, canal carpien, etc.) sous guidage échographique.
Si vous êtes urologue : rien ne vous empêche de faire les échographies. Sachant qu’un diagnostic de masse intrascrotale peut être fait en une seconde à l’échographie, cela peut rendre un réel service à vos patients.
Si vous êtes gastro-entérologue, vous pouvez dépister les carcinomes hépatocellulaires (CHC) de vos patients cirrhotiques, visualiser en 2 secondes s’ils ont de l’ascite, analyser leur parenchyme hépatique. Tout cela s’apprend très facilement.
Si vous êtes externe ou interne en médecine, c’est le meilleur moment pour vous y mettre. Vous avez du temps lors de vos examens cliniques à l’hôpital, faites vous-mêmes les échographies devant une masse inguinale ou cervicale, une douleur abdominale et tant d’autres signes qui nécessitent une échographie.
Et tellement d’exemples encore…
Pour le prix d’un ordinateur, il existe des sondes d’échographie qui se branchent directement sur un smartphone. Essayez, et vous ne pourrez plus pratiquer la médecine sans l’échographie.
L’échographie est utile à tous les médecins.
Formez-vous et pratiquez !
A l’occasion de la sortie de son ouvrage L’échographie pour tous : apprentissage accéléré S’ouvre dans une nouvelle fenêtre, nous avons interviewé son auteur : Pierre Mestoudjian.
Elsevier-Masson : Docteur Pierre Mestoudjian, qui êtes-vous ?
Docteur Pierre Mestoudjian : J’ai 38 ans, je suis médecin généraliste et échographiste. J’ai deux activités bien distinctes : un mi-temps avec une activité d’échographie générale dans un cabinet libéral de radiologie et un mi-temps à SOS Médecins Avignon (activité de visites à domiciles et de consultations dans une maison médicale équipée d’un appareil d’échographie)
EM : Comment et pourquoi vous êtes-vous intéressé à l’échographie ?
PM : je suis « tombé dedans » par hasard en arrivant à SOS Médecins, mes confrères étaient équipés d’un appareil mobile d’échographie et avaient débuté des formations « courtes » d’échographie. Ils m’ont rapidement transmis le virus de l’échographie. J’ai rapidement compris que je pouvais répondre facilement à quelques questions de médecine sans faire systématiquement appel au médecin radiologue. Puis on a envie d’aller plus loin en faisant d’autres formations. L’échographie fournit une aide précieuse dans de nombreuses circonstances.
EM : qu’est-ce que cela a changé dans votre pratique de médecin ?
PM : c’est un enrichissement intellectuel certain pour mon activité médicale. Vous suspectez une pathologie chez un malade, vous pouvez y répondre immédiatement avec l’échographie.
Cela évite aussi au malade d’aller en consultation puis d’aller chez le radiologue puis de reconsulter le médecin. Tout peut être fait (parfois) en même temps. Tout le monde est gagnant : le médecin et le patient.
EM : pourquoi les médecins doivent tous se mettre à l’échographie ?
PM : Le prix des appareils a fortement baissé en 10 ans et l’échographie se démocratise progressivement. Un interne ou un médecin peut s’acheter seul un appareil portable d’échographie. C’est sans aucun doute un outil qu’auront tous les médecins demain à leur cabinet.
On peut se former vite : avec des formations courtes orientées sur la pratique du médecin et un livre synthétique. On peut réaliser une formation sur l’échographie thyroïdienne pour les endocrinologues, formation sur l’échographie d’urgence pour les urgentistes et les réanimateurs, etc...
EM : pourquoi avez-vous écrit ce livre ?
PM : J’ai voulu répondre à un manque évident dans le domaine de l’échographie : « regrouper les connaissances avec le meilleur rendement pratique ». Personne n’a regroupé les informations les plus pertinentes permettant de faire les échographies les plus courantes. J’ai acheté des dizaines de livres sur échographie : par exemple il est inutile pour un débutant en échographie d’acheter un livre de 300 pages sur l’échographie testiculaire. Il vaut mieux connaître les 7 pathologies les plus fréquentes qui permettent de faire 90% des échographies testiculaires.
Lors de mes premiers remplacements d’échographie, j’ai commencé à rassembler tout ce qui est vraiment utile pour la pratique dans un cahier. J’adore dessiner, j’ai fait des schémas, résumés, synthèses, tableaux en tout genre sur l’échographie générale. Une fois terminé, je m’en servais tous les jours pour mes échographies et mes comptes-rendus. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas transmettre ces connaissances à mon tour ».
EM : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut se former à l’échographie ?
PM : Acheter mon livre ! 😊
Il faut un peu de connaissances théoriques et pratiquer immédiatement sur le thème abordé. Si vous voulez faire de l’échographie, ce livre deviendra votre meilleur compagnon.
Commencer le plus tôt possible, pendant les premières années (l’externat pour les médecins) avec un échographe portable (une sonde reliée au smartphone). On dispose de beaucoup de temps avec les malades pour s’exercer à la manipulation de la sonde d’échographie.
Il existe des formations de 2 ou 3 jours d’initiation à l’échographie : c’est le bon moyen pour ne plus avoir peur de la machine, de ses boutons, pour démarrer tranquillement.
Il est primordial d’avoir un appareil même bas de gamme et de pratiquer le plus vite possible après une formation surtout si elle est courte.
EM : Quels sont les erreurs à ne pas faire ?
PM : La première erreur est de ne pas s’y mettre rapidement. En quelques heures de formation, on peut être performant pour des questions précises, pratiquer de l’échoscopie sans prendre de risque : en une seconde, vous pouvez voir une rétention d’urine, un rein avec une dilatation du bassinet et des calices etc.
Les échographies sont dans certains pays pratiquées par les infirmières, les manipulateurs en radiologie qui font ça de manière très sérieuse, sans avoir fait 20 ans d’études. C’est à la portée de tous, sans aucun doute.
La seconde erreur est de ne pas pratiquer après une formation :
Il est primordial de pratiquer le plus vite possible après une formation surtout si elle est courte. Sinon vous oubliez tout et vous perdez confiance. Si besoin, il faut acheter un appareil à bas prix ou d’occasion pour débuter. Plus vous ferez d’échographie, meilleur vous serez, plus vous prendrez confiance, plus vous trouverez des pathologies intéressantes, plus vous vous formerez… c’est un cercle vertueux !
EM : dans l’introduction, vous écrivez
« Si vous êtes médecin généraliste (en consultation ou en visite), vous avez tous les jours des cas qui nécessitent une échographie : recherche de calcul dans la vésicule biliaire ou d’obstacle pour une pyélonéphrite aiguë, exploration d’une masse sous-cutanée, recherche d’une thrombose veineuse profonde… pourquoi ne pas réaliser les examens vous-même ? «
Mais il faut combien de temps pour s’y mettre ? Peut-on apprendre tout seul avec un livre ? Quels sont vos conseils ?
PM : tout dépend de votre objectif. Si vous voulez faire de l’échoscopie (acte de débrouillage ponctuel) pour quelques situations particulières : par exemple pour vérifier les reins de vos malades qui ont des pyélonéphrites aiguës. Il faut une formation de quelques jours et pratiquer régulièrement. Vous faîtes contrôler dans un second temps votre examen par un confrère radiologue qui fera une échographie avec compte-rendu et des images.
EM : dans votre pratique de médecin généraliste, comment réagissent les patients quand vous pratiquez une échographie ? Sont-ils inquiets que l’examen ne soit pas réalisé par un radiologue ?
PM : pour mon activité à SOS Médecins, les patients sont très heureux d’éviter d’aller faire une échographie dans un autre centre, quand on peut l’éviter, si le temps le permet et s’il y a une notion d’urgence. Mais c’est toujours vu d’un très bon œil par le patient.
Concernant mon activité d’échographie, les patients me voient exclusivement pour une acte d’échographie et réconsultent leur médecin généraliste ou un autre spécialiste prescripteur par la suite. Je fais les échographies dans un cabinet de radiologie libéral qui réalise d’autres actes (radiographie, mammographie etc.)
EM : que pensez-vous de la formation initiale des médecins en matière d’échographie en France ?
PM : Elle est présente pour certaines spécialités : cardiologues, gynécologues, radiologues, médecins vasculaires. Mais c’est insuffisant.
Pour les autres, elle est quasi inexistante mais cela va évoluer. Les formations privées sont de plus en plus nombreuses. Les diplômes universitaires s’adaptent aussi aux besoins énormes des médecins et de la population.
Il faut développer la formation en échographie le plus tôt possible dans le cursus des médecins. Je pense qu’il faut apprendre à utiliser une sonde d’échographie comme un stéthoscope ou un électrocardiogramme.
Le médecin de demain sera médecin et échographiste.
Pierre Mestoudjian est médecin généraliste et échographiste
L’échographie pour tous : apprentissage accéléré. De l’échoscopie à l’échographie d’expert Pierre Mestoudjian ISBN 9782294771002 2020
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