Auriculothérapie dans le stress
28 septembre 2022
Par Anne Claire Nonnotte
Nous vous proposons de découvrir un extrait de l'ouvrage L'auriculothérapie médicale S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Auriculothérapie dans le stress
Définition et physiopathologie du stress
Hans Selye, en 1956 l’a défini comme « la mesure des avanies causées par la vie ». En tant que neurophysiologiste, nous le défi - nirions comme les réponses d’une boucle biopsychosociale à tout élément intérieur ou extérieur, suffisant pour bouger le niveau moyen d’homéostasie courant h, à un instant t, dans un espace e, pour une durée d, dans une situation s.
Quatre stades se succèdent :
une réaction d’alarme : décrite par Walter Cannon en 1939, elle se produit en quelques secondes et dure quelques secondes, donnant une information cellulaire et biologique sur la nature des stressors et passant par un système neuronal câblé : sympathique et médullo-surrénalien. Il s’ensuit une libération de noradrénaline et d’adrénaline qui augmente la fréquence cardiaque, la contraction systolique et la pression artérielle. Ces actions permettent une redistribution du sang viscéral au profit des muscles et du cerveau, en mobilisant l’énergie disponible par glycogénolyse et lipolyse ;
une réaction d’adaptation initiale : décrite par Hans Selye en 1956, elle se produit en quelques minutes (7 en moyenne) et se stabilise en 2 heures. Cette réaction active des stratégies cellulaires et biologiques de défense et d’adaptation, via les systèmes limbique et neuroendocrinien : – le système limbique allume le complexe amygdalo-hippocampique, qui donne le sentiment de peur. Ce dernier naît dans les noyaux basolatéraux de l’amygdale, puis est transmis au noyau central, qui déclenche, via le noyau de la strie terminale, l’activation de l’axe hypothalamo-hypophysaire corticotrope, – le système neuro-endocrinien active la boucle hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalienne avec pour conséquences : une libération massive des glucocorticoïdes par la corticosurrénale, sous l’influence de l’adrénocorticotropine hypophysaire (ACTH) hypophysaire, déclenchée par le corticotropinreleasing factor ou CRF (corticolibérine) sécrétée par la région parvocellulaire des noyaux paraventriculaires hypothalamiques et activant une boucle de rétrocontrôle négatif ;
Une réaction d’adaptation prolongée apparaissant au-delà de 2 heures : – le cortex préfrontal invalide le rétrocontrôle négatif CRF–ACTH–cortisol pour continuer à disposer des glucocorticoïdes, qui vont alors pouvoir limiter les réactions excessives des autres substances stimulées par la réaction de stress : insuline, lymphokines, mélanotropine. L’arginine vasopressine, co-libérée avec la corticolibérine, vient renforcer cette action, – le système nerveux autonome (SNA) se trouve engagé au travers de co-facteurs du CRF, dans une action d’équilibrage : l’angiotensine II et l’ocytocine sont potentialisateurs, l’acétylcholine et la sérotonine sont sécrétogènes et l’acide gamma-amynobutyrique est inhibiteur, – certains systèmes neuro-endocriniens de contrôle homéostasique se mettent peu à peu en branle, pour préparer l’organisme à rentrer en résistance contre le stress qui persiste. L’axe gonadotrope via les CRF, ACTH, glucocorticoïdes et β-endorphine freine les neurones à luteinizing hormone-releasing hormone (LH-RH) du noyau arqué de l’hypothalamus,
– la sécrétion de prolactine, par l’intermédiaire de la dopamine, diminue,
– au niveau hypothalamique, l’hormone de croissance augmente, sous les actions de la somatostatine (système réticulé inhibiteur descendant ou SRIF) et de la somatocrinine ( growth hormon releasing factor ou GHRF), cette dernière étant toujours présente en cas de stress physique, mais pouvant être absente en cas de stress psychologique,
– l’axe thyroïdien est freiné avec baisse de la production de thyroid stimuling hormone (TSH) ;
un glissement pathologique : peu à peu, celui-ci s’amorce. Tant que tous les mécanismes de gestion du stress ne sont pas débordés, l’organisme reste dans les limites physiologiques de la nouvelle homéostasie induite. Au-delà (en général au bout de 7 mois), le stress devient insupportable et une évolution vers la pathologie s’installe : – l’épuisement des neurones hippocampiques accélère la sécrétion de cortisol, donnant des lésions responsables de troubles cognitifs (anxieux, dépressifs, phobiques, fonctionnels), – ces mêmes glucocorticoïdes cortisoliques finissent par inhiber l’axe gonadotrope, d’où une aménorrhée et un hypogonadisme hypothalamique, – la stimulation intempestive de la somatostatine par le CRF diminue la growth hormone (GH), pouvant donner un nanisme psychosocial, – le freinage chronique de l’axe thyroïdien provoque une inhibition de la conversion de T4 en T3 plus active et donc une hypothyroïdie, – certaines composantes des réponses immunitaires et inflammatoires sont inhibées, avec altération de la circulation et des fonctions des leucocytes, et diminution de la production de cytokines. Le tout provoque viropathies, nombreuses maladies, voire cancéropathies.
La nature et l’intensité des réponses au stress font intervenir une boucle biopsychosociale dans laquelle toutes les composantes de l’individu sont engagées : le système préfrontal de l’anticipation par le système dopaminergique mésocortical, la motivation par le système mésolimbique innervant le nucléus accubens et enfin l’émotion par le système amygdalo-hippocampique. Nous payons un lourd tribut au stress tout au long de notre vie. Les troubles anxieux, les troubles dépressifs, les phobies, les troubles somatiques et fonctionnels en font largement partie.
Auriculothérapie du stress
Signalons que souvent le stress, lorsqu’il a été prolongé et signifiant pour un patient, peut s’afficher sur un ou les deux lobules, sous une forme appelé « ligne de stress », et qui est un sillon sur le lobule, plus ou moins profond, oblique en bas et en arrière, complet ou pas. Cette ligne de stress a une puissance d’affichage assez grande, bien que, lorsqu’elle n’est pas très profonde, peut avoir une variation d’affichage qui peut suivre, avec un décalage dans le temps, l’évolution du stress du patient. Certains de ces sillons peuvent finir par pratiquement s’effacer, tout en laissant une sorte d’empreinte ( figure 38.1 ). Les réponses thérapeutiques sont aussi polymorphes que les symptômes qu’ils veulent traiter : pharmacologiques, cognitivo-comportementales et complémentaires. Parmi ces dernières, l’auriculothérapie propose des stratégies calée sur la neurophysiopathologie et ayant fait la preuve de leur efficacité. Voici quelques propositions de traitements exécutés avec soit avec des aiguilles semi-permanentes, soit des aiguilles cryogéniques ( figure 38.2 ).
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David Alimi, neurophysiologiste et chronobiologiste, a formé plus de cinq cents praticiens en France et à l’étranger. En 2010, il a reçu la distinction de Man of the year in Medicine and Healthcare grâce à sa participation scientifique active à plus de quatre-vingts manifestations. Il est professeur associé à la faculté de médecine de Pittsburgh (États-Unis) et praticien libéral à Alfortville (Val-de-Marne).
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